Benvindo di Taninho - "NHU NAXU, RIBA’L KUTELO TA SUMARA MUNDO"

dimanche 9 mars 2014

JOURNÈE INTERNATIONALE DE LA FEMME


En cette « Journée Internationale de la Femme » je dédie ce poème, de Dr. Agostinho Neto, à toutes les Femmes essentiellement africaines.

MÈRE
        (toutes les Mères noires
         dont les fils sont partis)
tu m’as appris à espèrer
comme toi aux heures difficiles

Mais la vie
a tué en moi cette espérance mystique

Je n’attends plus
je suis celui qu’on attend

Mère l’espérance
c’est moi c’est nous
tes fils
en route vers une foi qui nourrit la vie

Aujourd’hui
nous sommes les enfants nus des villages de brousse
les gamins sans école qui jouent au ballon de chiffon
sur la grève à midi
nous sommes les embauchés de force
pour brûler nos vies dans les caféières
les nègres ignorants
qui doivent respecter l’homme blanc
et craindre le riche
nous sommes tes fils
des quartiers noirs
où n’arrive pas l’électricité
les hommes ivres morts
abandonnés au rythme d’un batuque de mort
tes fils
affamés
assoiffés
honteux de t’appeler Mère
craignant de traverser les rues
craignant les hommes
nous-mêmes nous

Demain
nous entonnerons des hymnes à la liberté
pour commémorer
le jour de l’abolition de cet esclavage

Tes fils Mère
           (toutes les Mères noires
           dont les fils sont partis)
sont en quête de lumière
en quête de la vie.

Poème de Dr. Antònio Agostinho Neto, angolais, premier Président de la République
Populaire d’Angola. Poème écrit en 1961 pendant son exil à Praia, Cap Vert. 
Dr. Agostinho Neto

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